La littérature sous caféine


mercredi 19 mars 2025

Obsolescence du cinéma

Mauvaises nouvelles sur le front de l'obsolescence rapide du cinéma : pour la première fois de ma carrière, un élève me dit n'avoir jamais entendu parler de Louis de Funès. Pire, une classe entière ne sait pas qui est Pierre Richard. Je pensais que ses films amusants, son personnage d'éternel étourdi lui avaient survécu. Il y a quelques années, j'avais découvert qu'aucun jeune de vingt ans n'avait vu de Belmondo et que le nom même de Delon était tombé dans l'oubli. Quant à Depardieu, bien avant les affaires qui le touchent, il passait déjà pour un vieux dégueulasse et cela suffisait à ne pas avoir envie de connaître son œuvre. Décidément, les images vieillissent plus vite que les mots !

mardi 18 mars 2025

Un génial curé surréaliste

Marcel Aymé ne tarit pas d'éloges sur Rabelais - "Un génial curé surréaliste" - mais conclut sa formidable préface par le conseil de s'en tenir au deux premiers volumes. Las, j'ai découvert en préparant le Dîner du cochon la page hallucinante - le mot n'est pas galvaudé - qui met en scène, dans le Quart Livre, Mardi gras le Cochon volant, dans une bataille épique contre des andouilles... Dans ces conditions, comment résister à la lecture intégrale de l'oeuvre ? D'autant que je découvre précisément en ce jour de Mardi gras qu'il existe une version illustrée par Gustave Doré...

mercredi 12 mars 2025

Fabrice Pataut en son royaume (Amitiés littéraires 3)



Fabrice Pataut me reçoit dans son bel appartement. Nous discutons revues, peinture, théâtre, roman, temps qui passe, amitiés qui durent, transition de genre, mystères de l'édition, contradictions de l'époque, wokisme, bilans de parcours, Proust, Trump et chats...

mardi 11 mars 2025

Freferika Abbate commente La Viveuse

lundi 10 mars 2025

Le Havre / Kérangal (1)

J'aime cette ville du Havre où je suis né. C'est une sorte de grande cité fantomatique le long de la mer. Amoureux, je guette les livres qui en parlent et je me suis naturellement jeté sur le dernier roman de Maylis de Kérangal, "Jour de ressac" (Verticales, 2024). J'y ai fait le relevé des lieux qu'elle décrit et je me rends sur place pour confronter ses visions avec les miennes. Ainsi, le premier lieu : le bar Les Champs Elysée, renommé Le Terminus.

"... sans un regard non plus pour les lycéens qui occupaient la banquette, qui traînent et s'accolent ici depuis que les banquettes et l'adolescence existent, et ceux-là avaient beau être penchés sur leur portable à scroller, à follow, à follow back, à liker des stories, c'était toujours la même scène, la même scène exactement..."

mercredi 5 mars 2025

Ruines

Même dans les plus beaux cafés de Budapest (3/3), les serveurs sont hirsutes / En trois jours je n'ai vu qu'un cinéma, et pas de marchand de journaux / Nombreux restaurants italiens mais, dans les bons restaurants, beaucoup de plats et de noms français : bourguignon, soupe à l'oignon, tournedos... / Les signes de la présence ottomane, longue de deux siècles, sont assez résiduels / Les boutiques de bondieuseries sont beaucoup moins nombreuses qu'à Prague / La statuaire alterne entre triomphalisme et nonchalance inquiète / Je trouve amusant que la sensation cinématographique du moment, The Brutalist, mette en scène un exilé hongrois / Dans les Ruin bars on esthétise avec joie la décrépitude / Le péché mignon de l'Europe centrale est le monumental / Les posters des films de Belmondo se vendent très chers dans les galeries chics

mardi 4 mars 2025

Néo-gothique

Les manoirs néo gothiques vieillissants de Budapest (2/3) pourraient être l'emblème de la ville / Dans les musées, l'écrasante majorité du public est constituée de groupes scolaires et de retraités / Les petits vieux sont discrets mais n'hésitent pas à tricher dans les files d'attente / Les automobile adopent souvent des vitesses déraisonnables / Je me souviens avoir écouté en boucle, enfant, les Danses hongroises de Brahms et les avoir trouvées parfaites / La cuisine hongroise est passionnée par le paprika / J'ai toujours trouvé Lizst brillant mais un peu creux, j'ai peur que sa rhapsodie hongroise ne confirme cette impression / Les trois mots français les plus fréquents sont bistro, souvenirs et croissant / Les Antiq Bazar proposent des Lénine et Staline en pagaille - à Prague, c'étaient plutôt des Napoléon / Aux thermes, j'ai barboté 2 minutes dans le bain à 36°, 30 secondes dans le 40° et 3 secondes dans le 16°.

lundi 3 mars 2025

Saint Emeric

A Budapest (1/3) je découvre un Saint Emeric présent dans tous les palais / Je mange du goulasch deux fois par jour / Je ne cherche pas à décrypter le magyar / Je prends la mesure de ce qu'a subi le pays avec le communisme en lisant Koestler / Je prends la mesure de ce qu'a subi le pays avec le nazisme en lisant Kertesz / Je goûte l'esthétique soviétique propre et désuète du métro / J'apprécie les bâtiments délabrés tant que la ville n'aura pas été totalement remise d'aplomb / Je m'amuse de la présence d'Alain Delon sur les affiches et de Monet dans les musées / Je dirais que la tonalité générale de la ville est celle d'une élégante mélancolie / Dans les parcs, les oiseaux les plus marquants sont le choucas et le pic épeiche.