La littérature sous caféine


mercredi 27 mars 2019

"Un objet rare et hybride"

Sur le site du Point :

"Un scaphandre sur la tête relié à une bouteille d'oxygène, il corrige sans relâche ses copies. En apnée et sous pression. Si le dessin de couverture du dernier livre d'Aymeric Patricot (Les Bons Profs, Plein Jour) est un peu caricatural, le propos, lui, est plutôt nuancé et intelligent. C'est un objet rare et hybride, à la fois récit personnel d'une vocation tardive et réflexion générale sur le métier d'enseignant. Un métier – s'il en est un – « à la fois beau et un peu angoissant », résume l'auteur de Les Petits Blancs, qui enseigne les lettres en classe préparatoire. Celui qui avait déjà dépeint ses premières années de jeune prof de banlieue dans Autoportrait du professeur en territoire difficile (2011) prend le temps, à 44 ans, de faire un « bilan à mi-parcours », après quinze ans dans l'enseignement. Ni plaintif ni donneur de leçons, ni pédago ni réac, il tente de sonder « l'atmosphère » de la profession et de réfléchir à son essence alors que de nombreuses réformes sont en cours et que la violence au quotidien ne faiblit pas. Patricot conseille d'ailleurs aux pédagogues de lire un peu plus Houellebecq que Rousseau pour comprendre que le monde de l'enfance n'est pas « un monde enchanteur » peuplé de « petits esprits créatifs uniquement désireux d'apprendre »…

Cet ancien timide et « cancre à l'envers » (comprendre très, très bon élève) se demande encore 15 ans après comment il a « échoué là », lui qui ne voyait que « misère » dans cette profession avant de s'y jeter à corps perdu. Certes, le métier comporte son lot de frustrations pouvant entraîner parfois des dépressions (il compare le prof à « un Sisyphe pathétique, sans même le corps d'un héros »), mais Patricot a découvert avec l'expérience ses avantages : rester branché, grâce aux jeunes, à « une sorte d'énergie fondamentale » et ne jamais vraiment entrer dans l'âge adulte. Quel privilège ! (...)"

Emilie Trévert, Le Point, mars 2019.

lundi 25 mars 2019

Parler de la Moselle (Nicolas Mathieu)

Après les vignes de Rondeau, le champagne de Nothomb et la montagne de Reims de Poindron, nous évoquerons la Moselle du tout dernier Goncourt, Nicolas Mathieu et son excellent "Leurs enfants après eux".

("Parler de sa région", séance 4, mardi 26 mars)

mercredi 20 mars 2019

"Les bons Profs" sur TV5 Monde

L'interview est mené par Xavier Lambrechts :

mercredi 13 mars 2019

Les Gilets jaunes sont-ils des petits Blancs ?

Ma conférence à la Fondation Jean Jaurès, le 4 mars 2019.

lundi 11 mars 2019

"Le professeur doit-il apprendre à se taire ?"

Article publié dans le "Valeurs actuelles" du 7 mars 2019:

"En dépit de la sympathie que m’inspire Jean-Michel Blanquer, je redoute parfois de saisir la logique profonde de ses réformes. Et la loi tout juste adoptée par le Parlement n’y fait pas exception. Comment comprendre, notamment, cette notion d’ « exemplarité des personnels de la communauté éducative » contenue dans le premier article, notion qui fait déjà beaucoup parler d’elle et dont on annonce qu’elle pourra être invoquée dans le cadre de mesures disciplinaires ? Faut-il y voir, comme beaucoup, une volonté d’intimider les professeurs à l’heure où la réforme du lycée suscite des protestations ? Il s’agirait de rendre effectif ce fameux devoir de réserve aux contours jusqu’à maintenant si flous et qui interdirait désormais de dénigrer l’institution scolaire « par des propos diffamatoires ».

A moins qu’il ne s’agisse d’un gage donné aux élèves et aux parents d’élèves pour mieux leur faire accepter la deuxième partie de l’article, ce respect que l’institution scolaire attend d’eux, et dont on souligne souvent le redoutable affaiblissement. Dans un même mouvement, Blanquer chercherait ainsi à « responsabiliser », comme il le dit lui-même, les professeurs et les parents, de manière à retrouver le chemin d’un exercice plus serein du métier.

Il reste cependant permis de s’étonner que cette nouvelle exigence pesant sur le professeur survienne quelques semaines après le vaste mouvement PasdeVague, où les professeurs se plaignaient déjà de l’omerta qu’ils subissaient de la part de leur administration. Combien de violences passées sous silence depuis des années, depuis des décennies ? Combien d’humiliations minimisées, relativisées, finalement tues, sous prétexte de ne pas envenimer les choses mais pour mieux contenir, en réalité, la révélation d’une dégradation spectaculaire des conditions d’exercice ? Par le miracle de l’anonymat sur internet, la parole se déliait enfin. Peut-être attendait-on, par conséquent, un signe de compréhension de la part du gouvernement plutôt que cette défiance vis-à-vis de la liberté d’expression.

Quoi qu’il en soit, cette curieuse façon de commencer par exiger quelque chose du professeur au moment même où l’on déclare vouloir instaurer la confiance me paraît assez révélatrice du statut paradoxal de la parole dans le métier, statut dont je me plais à décrire les raffinements dans Les bons Profs.

En effet, le professeur est l’objet d’une injonction paradoxale. D’un côté, on lui demande de maîtriser l’art de la parole, d’en déployer avec force les effets devant son public ; on lui demande même d’éveiller chez l’élève une passion comparable. De l’autre, on exige de lui qu’il contribue au bon fonctionnement d’une institution par nature très hiérarchisée puisque tentaculaire et, qui plus est, hantée par le principe d’autorité. Par conséquent, au cours de sa carrière, le professeur devra surtout apprendre à se taire, du moins à canaliser sa parole. Non seulement il comprendra l’importance des silences dans son propre cours, non seulement il se retiendra de révéler certaines difficultés sous peine de ternir sa propre réputation, mais il devra surtout apprendre à jouer le jeu de cette hiérarchie que lui-même instaure dans la classe. D’une certaine manière, le professeur apprend à devenir le plus discipliné des élèves, lui dont le rôle est pourtant, si l’on se réfère aux ambitions humanistes du métier, d’enseigner les rudiments de la liberté. Au fond, l’article 1 de la nouvelle loi ne fait-il pas qu’entériner l’un des aspects fondamentaux de ce paradoxe ?

Après la Champagne de Daniel Rondeau...

... nous évoquerons le champagne d'Amélie Nothomb, forcément !

mardi 5 mars 2019

Les petits Blancs seraient-ils devenus mainstream ?

Aussi contestée soit-elle, la notion s'affiche désormais, cinq ans après la publication des "Petits Blancs", à la Une des médias: L'Express en a fait sa couverture le 27 février dernier, même s'il s'agit de prendre encore des pincettes ("Nous les petits Blancs, disent-ils"). La journaliste chargée de rédiger le dossier, Agnès Laurent, a fait son travail et nomme l'ouvrage. Elle m'a d'ailleurs prévenu par téléphone: "Nous avons pillé votre livre", ce que je prends pour une sorte d'hommage. Après tout, j'en ai croisé qui parlaient du livre sans l'avoir lu ou qui, surtout, l'attaquaient sans en avoir compris une traître ligne. Pour un peu, ils m'auraient interdit rétrospectivement de l'écrire ! Je pense à Thomas Guénolé, par exemple, sur le plateau du Ce soir ou jamais de Frédéric Taddéi.

Quant à Alain Finkielkraut, je suppose quand je l'entends préciser que l'homme l'ayant récemment agressé dans la rue "n'était pas un petit Blanc", qu'il a lui aussi pris la peine de lire l'ouvrage - tout au moins se permet-il d'utiliser le mot sans en contester a priori la légitimité, tout à fait conscient du fait que nous ayons besoin, pour décrire une situation sociale et culturelle française de plus en plus complexe, de plus en plus éruptive, de quelques termes à la fois contemporains et bien sentis.

samedi 2 mars 2019

2ème trimestre de l'atelier: "Parler de sa région" (Daniel Rondeau)

Mardi prochain, aux lieux et horaires habituels, nous entamerons donc le deuxième et dernier trimestre pour la saison 2018-2019, consacré au thème : "Parler de sa région".

Nous y évoquerons la Champagne, ses paysages, ses mœurs, ses gens, mais aussi le champagne bien sûr !

(Plus généralement, nous nous intéresserons au fait de parler d'une région, quelle qu'elle soit)

Quelle meilleure occasion pour boire une petite coupe, précisément ?

Comme le trimestre précédent, nous travaillerons dans deux directions: à côté des exercices ponctuels de chaque séance, nous ferons un travail au long cours, étalé sur les 10 séances.

Lors de la première séance, nous évoquerons l'oeuvre de Daniel Rondeau, auteur champenois s'il en est.

Les Gilets jaunes sont-ils des petits Blancs ?

Lundi 4 mars, j'interviendrai devant la très respectable fondation Jean Jaurès pour évoquer l'épineuse question du rapport entre Gilets jaunes et petits Blancs.