La littérature sous caféine


mercredi 25 juin 2014

Comment se faire casser la gueule dans un bus

Une scène qui pourrait servir d'ouverture aux "Petits Blancs" Volume II

Troyes, sur le chemin du lycée Chrétien de Troyes, le 24.06.2014

Première fois que je me fais casser la gueule dans un bus. Un petit jeune, sentant le whisky, me bouscule. Je réagis. Insultes, menaces, embrouille. Quelqu'un le contient, il part à l'arrière du véhicule. Dix minutes plus tard il revient, m'insulte à nouveau, et comme je ne baisse pas la tête, le coup part. Je valdingue au sol, je pense avoir la mâchoire brisée. Je me relève, confusion dans le bus, le chauffeur appelle la police. La tension monte, je me prépare à me battre. On m'incite à porter plainte mais je n ai pas que ça à faire, et puis le coup a porté sur la pommette. Quelques instants plus tard, le petit jeune quitte le bus. Et moi je pense surtout à la phrase qu'une dame a crié plusieurs fois : "Il a frappé un père de famille! Il a frappé un père de famille!"

mardi 27 mai 2014

"Beurs" et "Petits Blancs": mon débat avec Saïd Bouamama

En mai 2014, débat avec Saïd Bouamama organisé par le Club de la Presse de Lille:

mardi 6 mai 2014

Soirée du Prix des lecteurs du Télégramme (Morlaix, 11/04/2014)

Soirée de présentation/débats autour du Prix des Lecteurs du Télégramme.



vendredi 2 mai 2014

Interview télévisé par Roman Bernard

mardi 29 avril 2014

"Voyage en sous-France ?" (Ismaël Ferhat, Fondation pour l'Innovation Politique)

Un bel article, intelligent et documenté, d'Ismaël Ferhat, sur le blog Trop Libre de la Fondation pour l'Innovation Politique :

"Si avant 1981 l’ouvrier était l’archétype du dominé, tant socialement, qu’économiquement et politiquement, l’élection de François Mitterrand coïncide avec une profonde transformation de cette perception. C’est cette mutation qu’Aymeric Patricot, enseignant et écrivain, écrit avec succès dans Les petits blancs, voyage dans la France d’en bas.

1981 ne constitue pas uniquement un changement politique. L’année constitue une ligne de partage dans la perception des classes populaires. Avant, l’ouvrier était l’archétype du dominé, tant socialement, qu’économiquement et politiquement. L’élection de François Mitterrand coïncide avec une profonde transformation de cette perception. Depuis les émeutes, en 1981, dans la cité des Minguettes, dans l’agglomération lyonnaise, l’image de la misère et de la marginalisation sociale a en effet été symbolisée, de manière croissante, par la figure de « l’immigré de banlieues ». Les dispositifs sociaux (RMI puis RSA, CMU), urbains (naissance du Ministère de la ville en 1990), culturels (installation du Haut conseil à l’intégration en 1989), éducatifs (création des Zones d’éducation prioritaires en 1981) ont été largement orientés vers les catégories sociales marquées par le double sceau des quartiers HLM et de l’immigration. C’est en creux cette mutation qu’Aymeric Patricot, enseignant et écrivain, étudie dans un ouvrage au titre provocateur, Les petits blancs, voyage dans la France d’en bas. Le livre a suscité un succès et un malaise tous deux révélateurs.

En effet, la « France d’en bas », pour reprendre une expression établie par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à son arrivée à la tête du gouvernement français en 2002, ne se limite pas au nouveau damné de la terre que représenterait l’immigré (ou la personne issue de l’immigration) de banlieue. Plusieurs auteurs (le politiste Laurent Bouvet et le géographe Christophe Guilluy étant en pointe), ont souligné le danger d’une minoration, dans tous les sens du terme, des classes populaires traditionnelles. Ils ont montré qu’elles étaient géographiquement repoussées dans les périphéries, économiquement assommées par les mutations de l’appareil productif, socialement marginalisées, culturellement méprisées.

Aymeric Patricot souligne, quant à lui, un constat d’une grande violence, dont plus aucune force majeure ne se saisit véritablement : l’ouvrier blanc fut longtemps « locomotive de l’histoire » selon l’expression de Marx et Engels, fer de lance des gauches européennes, drapeau (alternativement craint ou espéré) du progrès. Il est désormais perçu comme un groupe en déclin, un membre du « lumpenproletariat » (le « prolétariat en haillons » dans le vocable marxiste), voire le symbole même de l’archaïsme. En effet, n’est-il pas la figure même du « beauf », caricaturé pour son absence d’ouverture, de tolérance, de métissage, de libéralisme culturel, et toujours soupçonné de voter FN ? N’est-il pas devenu le contre-symbole de la modernité et du progressisme?

Les vaincus de la société française ?

De nombreux mois furent nécessaires à l’auteur pour étudier les « petits blancs ». L’expression elle-même, précise-t-il, n’a rien de neutre. Elle renvoie le membre des classes populaires blanches à l’expérience des colonies ou de la ségrégation aux Etats-Unis. Pourtant, ce rattachement constitue un non-sens, autant qu’une manière de les discréditer. Ces catégories sont, en effet, les grandes victimes des mutations que la France connaît depuis les années 1970. Toutes les institutions (usine, PCF, syndicalisme, sociabilité ouvrière et paysanne, nation) qui lui avaient conféré une certaine fierté sociale et culturelle ont été érodées.

De plus, ces petits blancs sont souvent les premiers à vivre dans des univers multi-ethniques et multiculturels (et comme le montre l’auteur, l’expérience est souvent réussie), alors que les élites tendent parfois, dans les faits, à des stratégies d’évitement de la « diversité » à l’école, par le logement ou à travers leurs loisirs. A la différence des minorités ethniques urbaines, dont l’influence culturelle (musique, sport, style, télévision, langage) imprègne la société française, la culture des classes populaires blanches est au mieux ignorée, au pire synonyme de fermeture et de fadeur. En lisant Aymeric Patricot, les amateurs de cinéma penseront à l’image souvent peu flatteuse du petit blanc au cinéma: Seul contre tous de Gaspard Noé en 1998, Rosetta des frères Dardenne en 1999, Flandres en 2006 de Benoît Dumont. Si une minorité en France est quasi-systématiquement dénigrée en France, c’est hélas bien ces « petits blancs ». Même politiquement, cette marginalisation parachève la honte sociale d’une catégorie qui avait tant cherché à préserver sa dignité.

Aymeric Patricot le résume dans une formule cruelle. Le petit blanc n’intéresserait que peu la droite, car il est trop pauvre. Il serait sorti des priorités de la gauche, étant trop peu exotique. Désormais, il n’aurait plus le choix qu’entre l’abstention et le vote frontiste. Effet pervers de la mise en avant d’une « fracture ethnique » ou « postcoloniale » depuis les années 1990, toute une fraction de la France plonge à la fois pour des raisons sociales, mais aussi culturelles, dans une invisibilité lourde de dangers. Cette marginalisation crée des tensions, des frustrations, et des aigreurs. L’ouvrage pose de ce point de vue un constat aussi brutal qu’inquiétant dans les conséquences à termes des souffrances méconnues des petits blancs
."

samedi 26 avril 2014

Réactions de lecteurs (2)

Mail collectif d'un auditeur de ma conférence à Marseille pour NDL :

Une question qui m’a étreint au point d’aller la poser à l’auteur et de nous la poser ici et de la lui poser : Que faire ?

La force de sa conférence, c’est le parallèle entre ses « petits blancs » exclus du monde économique solvable, et lui-même l’auteur, et je me sens complètement comme lui, « petit blanc intellectuel », exclu aussi. De quoi ? par qui ? rejeté où ? mais surtout, que faire ? qu’est-ce que le petit blanc peut faire ? ou plutôt qu’est-ce que nous, citoyens pouvons faire pour eux, et pour nous, car nous partageons le même monde, qui ne résume pas à un mode économique solvable : il n’y a qu’une planète, qu’un espace vital vivable… et qu’est-ce que nous, petit blanc intellectuel, pouvons faire pour ne pas faire comme le petit blanc qu’il nous décrit…

Mais justement, revoyons d’abord ce qu’il nous décrit dans sa conférence,

Aymeric, l’auteur conférencier, nous a retracé le portrait de gens qu’il appelle « petits blancs ». Des gens pauvres, exilés chez eux, prenant de ce fait un beau jour conscience de leur blanchitude et de leur exil irrévocable, non pas quelque part, mais hors de leur groupe majoritaire d’origine.

Il fait le parallèle aux Etats-Unis où il voit les mêmes « petits blancs » qui eux se revendiquent « white trash », « raclure de blancs ». Là-bas, il a identifié que leur comportement tend à une forme de désir d’intégration locale. Intégration qui a minima s’exprime par l’acceptation de leurs voisins d’infortune et non pas par la haine envers ces minorités communautaires qui sont son univers et l’en auraient virtuellement exclus (virtuellement car le pauvre blanc white trash est bien obligé d’y vivre quand même). Intégration à ses voisins en communautés pourtant excluantes, mais Intégration quand même et qui s’exprime surtout par le rejet… du blanc bourgeois qui l’ont exclu, lui, petit-blanc white trash effectivement de la pseudo-communauté majoritaire, rejet hors de toute communauté qui va se traduire jusqu’à la violence revendiquée à l’encontre des blancs-bourges telle d’un Eminem (rappeur qui vaut le détour, 8 mile, très beau film qu’Aymeric aurait pu citer dans ses nombreuses références à cette culture US).

Chez nous en France, plutôt que Violence, il constate une certaine Léthargie : le « petit blanc » renonce et s’enfonce là où il est, en y trouvant sa place, avec résignation, n’y trouvant pas sa vie car il y a nulle part où aller, n’y exprimant plus aucune voix, le contraire donc d’une FN-isation dont certains bien-pensants se disent qu’elle devrait ou risquerait être leur expression naturelle, phénomène dont ils craignent qu’elle ne soit récupérée comme « cette souffrance blanche en terre envahie » et que ce risque de FN-isation suffit selon eux à justifier le voile pudique, pardon, la chape de plomb dont ils veulent incarcérer la pensée autour de ce thème.[...]

mercredi 16 avril 2014

Réactions de lecteurs (1)

Un mail de la part de Gilles, qui a lu le livre et assisté à la conférence organisée par Nouvelle Démocratie Locale à Marseille:

"Cher Aymeric,

Après la soirée NDL, j'ai lu votre livre la plume à la main, ce qui ne manquera pas d'exaspérer ceux à qui je vais le faire lire.

Pour que vous me situiez, je suis gilles à qui vous avez dédicacé le livre à la fin de la soirée, j'étais intervenu, comme ancien IA de l'Ariège, en donnant des exemples de petits blancs.

Avant d aller plus loin, je vous en transmets un exemple qui peut vous interesser :quand on a créé des postes précaires de 18 ou 24 mois pour servir de secrétaire aux directeurs d'école ou d'accompagnateurs de certains handicapés, on a apporté dans chaque village un poste à une personne,toujours une femme,qui n avait plus l autonomie et la capacité d aller chercher du travail. J'ai vu clairement ces personne jusque là invisibles dans la verdure, la solitude et la pauvreté, reprendre gout à la vie et à la dignité.

18 mois ou 2 ans apres on les a renvoyées à l invisibilité car ce type de poste est à durée limitée .D autres dans les memes villages ont pris leurs places,vous avez raison,ils sont nombreux.

Sur votre livre

d abord une impression de remarquable maitrise:il n est pas simple de construire un essai par le montage d entretiens,vous y réussissez en décortiquant positionnements, significations et langage pour eclairer les non dits sans apparaitre ,c est à dire sans faiblir dans l analyse de vos objets(sauf une fois par rapport à Michea)au point qu il faut attendre le bout du bout du suspense,à la page 155,pour que vous indiquiez au milieu de toutes ces attitudes ambigues quelle posture progressiste est possible.ouf!

Votre travail n est pas seulement remarquable parce qu il met en evidence ce groupe social , les modes et raisons de son occultation,mais parce que ce groupe ,fond ultime du panier,constitue la crainre ,réelle ou fantasmée, de tous ceux qui se sentent oubliés ,non défendus , encerclés ,en perdition ou en risque de le devenir, c est à dire des 38 pour 100 prets à toutes les aventures politiques parmis lesquelles le front national et l abstention sont les variantes en vogue Si l on pense que les profits capitalistes pour devenir de plus en plus grands doivent détruire de plus en plus d emplois,montrer le point le plus bas de la chute devient une contribution essentielle à la problématique du moment(qui va durer)

On utilise souvent le mot déclassement pour traduire ce sentiment de chute ou de déchéance.c est un concept difficile à établir car ceux dont on voudrait évoquer la chute ne sont souvent jamais montés bien haut.J ai ,fort utilement,eu recours à l explication de Clair Michalon qui distingue les sociétés de précarité et les sociétés de sécurité comme une succession d états .lla crainte ou le sentiment de déclassement devient alors la peur de la regression au stade précédent avec tous les comportements sociaux que cela implique.

Je signale son nom à votre curiosité

Je voudrai savoir pourquoi,dans cette sociologie des ressentis,si juste et si actuelle,vous etes passé au large de l économie parallèle dans les citées et de l islam dans sa forme menaçante ,réelle ou fantasmée,comme s ils n intervenaient pas dans la conscience de soi au milieu ces autres dans les banlieues. avez vous pensé que ces deux éléments brouilleraient votre sujet plus qu ils ne l éclaireraient? Merci donc pour ce livre,tenez moi au courant d une suite éventuelle,car j ai l impression que le lièvre que vous avez levé risque de vous suivre

Un mot plus personnel:je vous ai dit essayer de rédiger 50 ans d entretiens avec moi meme sur le sujet de l école.je retire de votre lecture la certitude qu il faut se départir de l envie de commenter pour laisser parler les témoignages.

Merci donc et au plaisir
"

mardi 18 mars 2014

"Blancs pauvres : un enjeu pour les municipales ?" (Le Figaro)

Article publié dans l'édition papier du Figaro, mardi 18/03/2014:

Les Etats-Unis l’ont compris depuis longtemps. Dans un pays multiethnique, il est une catégorie de citoyens à laquelle on n’a pas le réflexe de penser : les Blancs pauvres. En effet, si ces derniers appartiennent à une communauté que l’on tient pour privilégiée, leur niveau de vie les apparente davantage aux minorités généralement considérées comme les plus mal loties. Par conséquent, ils occupent ce qu’on pourrait appeler un angle mort de la sociologie politique.

C’était en partie le sens d’un beau discours de Barack Obama, prononcé en 2006 et publié sous le titre De la race chez Grasset, dans lequel il déclarait : « La plupart des Américains de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanche n’ont pas eu le sentiment d’avoir été particulièrement favorisés par leur appartenance raciale. » Ce genre de considérations, tenues par un homme peu susceptible de dérives racistes, relève d’un certain pragmatisme. Mais il n’arrive pas à franchir la barrière des pudeurs politiques françaises – et de leurs grands principes.

Depuis quelques décennies, la France tient pour une régression la prise en compte de l’ethnie : nous rêvons d’une société post-raciale où toute référence à l’origine serait bannie, voire inutile, et où la couleur de peau disparaîtrait du langage – ce qu’on appelle, aux Etats-Unis, la color-blindness. Mais le contexte évolue : chaque jour, la France devient plus diverse. Les origines, les cultures essaiment sur le territoire. Le processus est d’ailleurs appelé à s’accentuer. Dans ces conditions, parler du phénomène n’est pas faire marche arrière. Au contraire, c’est prendre à bras le corps cette France dont le visage se métamorphose.

Malgré tout, la diversité reste à l’état de slogan. Les discours politiques réclament de la « différence » mais ils interdisent d’en décrire les facettes. Surtout d’ailleurs lorsqu’il s’agit de Blancs : nommer les Blancs, ce serait reproduire le racisme que l’on accuse d’avoir présidé à toutes les entreprises malheureuses du vingtième siècle. Les Blancs pauvres sont pris au piège de cette inconséquence sémantique. En tant que Blancs, ils n’ont pas le droit de se plaindre ; en tant que pauvres, on les tient pour moins pauvres que d’autres, les « non-Blancs » comme les appelle par exemple le CSA. Pour le dire autrement, ils sont à la fois trop blancs pour intéresser la gauche – qui s’est fait une spécialité, depuis les années 80, de la défense ces minorités (du moins sur le papier) – et trop pauvres pour intéresser la droite – redevenue bourgeoise, aux yeux du peuple, depuis le tournant « bling bling » de Sarkozy.

Une démocratie véritable n’aurait-elle pas le courage de donner la parole à toutes les composantes de l’opinion ? Ne se ferait-elle pas un devoir d’assurer une représentation du peuple aussi précise, aussi exhaustive que possible ? Nous en sommes loin. La très faible confiance accordée à l’exécutif – qui doit bien faire rire, cela dit en passant, d’autres pays que l’on tient pourtant pour moins démocratiques – en est sans doute un des signes. En France on aime interdire : on réprime, on étouffe, on lance des oukases. Parfois, c’est à se demander si nous sommes vraiment attachés à une notion que nos Lumières ont pourtant contribué à forger : celle de démocratie libérale.

Certes, je ne suis pas sûr que l’on soit encore mûr pour introduire dans les débats politiques, à propos des communautés, un vocabulaire aussi franc qu’aux Etats-Unis. Cela est-il même souhaitable ? Cependant les sujets ne manquent pas concernant « la diversité », même à cette échelle locale que les élections municipales viennent éclairer : abstention massive, révélatrice d’un décrochage du peuple par rapport aux discours officiels ; pauvreté des campagnes aussi profonde que celle des « quartiers difficiles » ; villes relativement scindées, d’un point de vue ethnique, comme Marseille, Lille, Paris ; répartition plus ou moins organisée à l’échelle nationale des « populations nouvelles »… Sur chacun des sujets, on ne perçoit que gêne, euphémismes, agressivité. Des questions passionnantes deviennent matière à scandales fantaisistes – je pense à la fameuse affaire de la « rumeur du 93 ». Les questions sont dans toutes les têtes, mais sur aucunes lèvres – du moins, pas celles de nos édiles.

Un grand pas vers la sérénité serait effectué si l’on arrêtait de traiter par le mépris des inquiétudes pourtant légitimes. Par exemple, s’il est difficile de nier certains bienfaits de la mondialisation, il me paraît absurde de refuser de considérer les tensions qu’elle génère. A cet égard, nous pourrions compléter la définition que je donne des « petits Blancs » dans mon livre (« Blancs pauvres prenant conscience de leur couleur de peau dans un contexte de métissage ») : les Blancs aisés feraient leur miel de la mondialisation lorsque les petits Blancs, plus fragiles, en verraient surtout les méfaits.

Le jour où la classe politique prendra vraiment la mesure de cette fracture, il est à supposer qu’une certaine recomposition du champ politique aura lieu. J’entends souvent dire que parler des origines, des identités, des angoisses suscitées par l’époque serait faire le jeu du Front national. Je pense le contraire. N’est-ce pas laisser un singulier monopole à ce parti que de lui abandonner des franges parfaitement identifiées de l’électorat ? Une erreur que ne commettent, aux Etats-Unis, ni les conservateurs ni les démocrates.

Aymeric Patricot.