La littérature sous caféine


lundi 11 février 2013

"Bizarrement, c'est agréable"

Un article sur le site Toujours à la page.

Un autre paru sur le site Parutions.net :

"Dans la peau de l'agresseur.

La violence faite aux femmes fait l’objet de bien des publications, bien des études, bien des statistiques, de façon à trouver des solutions pour protéger les victimes, voire enrayer ce fléau. Mais peu de romanciers ont considéré les choses sous l’angle fort et inattendu retenu par Aymeric Patricot, en se mettant dans la peau de l’agresseur et en décortiquant le mécanisme qui l’entraîne inéluctablement vers les coups.

«Je ne chercherai pas à me justifier, ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi»… Ainsi débute la narration et le début d’une longue analyse froide des faits. Le personnage, attaché parlementaire à l’Assemblée nationale, Président d’une association de défense des femmes battues, marié, obéit à des pulsions qui le mèneront loin et détruiront sa vie. Ce qu’il y a d’impressionnant dans ce texte, outre le style quasi universitaire, c’est la distance que met le narrateur entre les actes, leur déroulement et la façon d’en parler. Une lucidité toujours présente et une recherche sans complaisance d’une explication sont les fils conducteurs de ce livre réaliste et cruel.

«Il y avait quelque chose de lisse et de monotone dans la succession des semaines, et même d’insupportable : ce n’était donc que ça le bonheur ?... l’excitation de mes dérapages me paraissait désirable». (…) «Sans cette chose qu’était la brutalité, je percevais mon existence comme une forme terriblement vide, et j’étais angoissé chaque fois que j’imaginais ce que j’aurais été sans elle»…

La lecture est cependant, bizarrement, agréable. Nous sommes loin des faits divers sanglants et misérabilistes, plus proches de ces médecins légistes de séries policières qui portent sur les cadavres une regard neutre et il est fascinant de suivre cette déchéance lucide, impossible à éviter, accentuée par la vengeance des femmes.

En homme de littérature et de réflexion, l’auteur termine par L’Insoutenable, essai sur le choix du livre, comme sur ce qui est insoutenable dans la vie, avec un parallèle étonnant entre l’écriture de ce type de sujets et la musique, l’exercice musical impliquant le corps et donc entraînant l’expression d'un cri.

Un ouvrage original et de grande qualité.
"

jeudi 7 février 2013

"L'écriture est vraiment top" (La Fringale littéraire)

Interview par Christophe Mangelle, diffusé sur le site La Fringale littéraire, le jour de la sortie du livre (06/02/2013) :



mercredi 6 février 2013

"L'homme qui frappait les femmes" sur RFI (6/02/13)


Aymeric Patricot sur RFI pour "L'homme qui... par monsieurping2

vendredi 1 février 2013

Les manières de lire alternatives (1)

Il y a des livres que vous choisissez de lire d'une manière particulière parce que votre emploi du temps, votre état d'esprit, son contenu même vous y incitent. En ce moment, je progresse par exemple dans les Mémoires de Simone de Beauvoir en menant deux lectures simultanées : je relis rapidement les passages déjà soulignés puis je reprends où j'avais laissé le marque-âge. Comme c'est une lecture roborative, je repose assez vite en me promettant de m'y remettre bientôt.

J'avance ainsi de guingois jusqu'à la dernière page, dernière étape avant laquelle il ne me restera plus que de relire, de temps en temps, les fameux passages soulignés - à moins qu'il ne me prenne la curieuse lubie de tout reprendre à zéro, appliquant la même technique mais en soulignant, sans doute, d'autres passages.

C'est une manière de lire une oeuvre potentiellement infinie : on peut imaginer qu'après un certain nombre de lectures intégrales de ce genre je parvienne à extraire quelques passages scintillants, quelques phrases que je connaitrais par coeur et qui auraient le goût, le parfum des plats mijotés pendant des nuits entières.

lundi 28 janvier 2013

"Court, intense et sans voyeurisme..."

Sur le site Unwalkers, cette critique de "L'homme qui frappait les femmes":

"Comme dit le proverbe : "Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi ? Elle, elle sait »

Un bon proverbe à la con à ranger à côté de : « Mets du guano sur ton crâne, tes cheveux repousseront »

Ah, taper les femmes, là n’est pas tout à fait le sujet du livre, mais une analyse d’un homme qui aimait frapper les femmes, et de sa déviance pathologique.

Sujet casse-gueule par excellence ou on pourrait osciller entre atermoiment et haines, ce qui n’est pas le cas ici. Nous se somme pas non plus dans l’amour avec notre « héros », juste spectateur de cette tragédie humaine et sociale. Quelques indices en fin de livres, nous amènent à penser à une certaine solidarité masculine d’une bêtise crasse, qui doit bien exister.

Et fin des clichés on n’est pas chez dédé qui sort de l’usine passe au bar et…

On est dans la haute, là ou on pète dans la soie. On suit donc notre homme sur une longueur de sa vie, de sa première claque donnée à ses coup de poings à sa femme enceinte, au passantes dans la rue frappées en anonyme.

Entre roman et analyse, c’est un livre qui éclaire et qui a surtout le mérite de s’attaquer à un phénomène de société millénaire à l’exponentielle.

C’est très bien écrit, court, intense, sans voyeurisme, les mots sonnent juste.

A la fin du livre, on retrouve un court texte de l’auteur où il se met à poil, et nous raconte ce livre, sa génèse. En un seul mot : magnifique
."

Dans L'Union, cette autre critique:

"Dans la tête d'un mari violent.

« Je tiens à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je ne tirerai cependant pas de conclusion, ni sur le plaisir que certaines femmes tireraient de mes dérapages, ni sur l’éminente utilité de la violence… Je me souviens parfaitement du premier jour où j’ai giflé une fille ». Aymeric Patricot aborde un sujet difficile et répulsif, la violence faite aux femmes. Si les témoignages des victimes sont favorisés par les romanciers, lui a choisi d’entrer dans la tête d’un homme violent. Dès l’adolescence, il ne peut réprimer le désir obsessionnel de frapper les femmes. Il raconte son parcours au rythme des coups qu’il assène à des proies chassées toute sa vie. Il bat sa femme et finit par tout perdre. Famille, travail, réputation jusqu’à la déchéance. Perversion, maladie psychiatrique, monstruosité ? Le roman ne donne pas de réponse, mais il ouvre un débat qui dérange." F.K.

samedi 26 janvier 2013

Premier éreintement

Première critique négative par le blogueur Noann :

"Avec ce court roman, l’auteur fait un pari risqué. Il mise tout dans la psyché d’un seul personnage, un pervers à qui le lecteur aura peine à trouver la moindre circonstance atténuante. L’auteur nous le livre sans fard, sans tenter d’atténuer sa responsabilité. L’homme dont il est question est détestable au plus haut point. On aura du mal à le comprendre, quand, dès les premières pages, il frappe tout à coup une femme qui l’aime. Alors que tout auteur normalement constitué tente d’émouvoir le lecteur, en lui présentant des personnages qui peuvent être mauvais mais s’amendent d’une façon ou l’autre, se remettent en question, ou sont rattrapés par la justice ou par les victimes, celui-ci poursuit ses violences purement gratuites tout au long d’une vie, sans quasiment être jamais inquiété.

La question : est-ce que ça le fait ? comme on dit. Je dois vous avouer que chez moi la méthode n’a pas vraiment marché, mais que le texte a suscité mon intérêt, mon effroi même… Et puis, en annexe, l’auteur nous livre quelques pages d’un « essai », où il nous dévoile sa motivation et ses craintes à la publication de son ouvrage. Et finalement, ces quelques pages absolvent un peu cette histoire accablante… Dans le fond, son personnage serait un phantasme, une projection des idées lugubres de l’auteur, de son trop plein d’adrénaline, qu’il ne parvient pas à canaliser. Alors je me suis quelque peu retrouvé, j’ai pensé qu’on avait tous un surplus de hargne qui errait en nous et qu’il suffisait d’un accroc pour que le contenu se déverse. Il reste que le personnage de « l’homme qui frappait les femmes » est déroutant, voire décevant, parce qu’il frappe trop, trop vite, trop souvent, sans véritable raison, trop jeune, avant même que la vie, la boisson ou la drogue ait pu l’affecter. Toutefois le sujet est consensuel, et j’aimerais un peu plus de bouquins sur la violence de la femme, et un peu moins sur le leitmotiv rabâché et très à la mode de l’homme violent. Je ne me suis pas reconnu dans le personnage de l’auteur, et je n’ai reconnu aucun homme, peut-être par un a priori. Il me semblait que la violence, si elle est innée, ne peut s’épancher que dans certaines circonstances
."

dimanche 20 janvier 2013

"L'homme qui frappait..." sur Radio Nova

Très belle lecture de Richard Gaitet, mardi 15 janvier dernier, dans son émission Nova Book Box, d'extraits de "L'homme qui frappait les femmes" : il est allé directement à la page la plus dérangeante avant de passer à deux passages beaucoup plus littéraires, plus théoriques, tirés de l'essai "L'Insoutenable" - avec, en fond musical d'ambiance, une alliance très réussie d'atmosphère angoissante et de notes gillerettes...


"L'homme qui frappait les femmes" (A... par monsieurping2

jeudi 17 janvier 2013

Les libraires de La Procure en état de choc !



Un ami - ancien collègue d'HEC - m'envoie un mail pour me raconter une scène drôlatique à propos de mes livres à la librairie La Procure :

"La scène se déroule quelques jours avant Noel, à La Procure, place Saint Sulpice, librairie religieuse notoirement connue pour sa clientèle de grenouilles de bénitier en loden et ses vieilles rombières momifiées. On y trouve une ambiance paisible propice à feuilleter ses achats avant de passer en caisse.

Rarement de passage en France où je ne vis plus depuis un moment, et bien décidé à reconstituer mon stock de livres français, je m’approche d’une vendeuse pour demander de l’aide :
- « Bonjour Madame »
- « Bonjour Monsieur », me répond fort urbainement la responsable du rayon Romans Français, réconfortée par la veste Barbour des plus versaillaises que j’arbore avec une bourgeoise courtoisie
- « Je cherche le roman d’un ami, « Amour chien », que je ne trouve pas dans vos rayons »
Petit temps de surprise de mon interlocutrice, femme que je qualifierai d’entre deux âges pour être poli, toute de grise vêtue, de l’anthracite charbonneux au souris léger.
- « Quel titre ? »?
- « Amour chien » !
- « Amours chiens » ? me répète-t-elle avec le nez un peu pincé par la surprise du titre.
- « Oui, c’est un court roman d’Aymeric Patricot. P…A…T….R… »
- « C’est cela, oui, c’est cela. Laissez-moi regarder dans ma base de publications »
- « C’est le romancier de « Suicide Girls », lui précise-je

Le sourire de façade s’effondre : la vendeuse se demande quel monstre se cache vraiment sous l’apparence du gendre idéal bon tient dont j’avais pourtant tous les attributs extérieurs. Je commence a saisir le décalage de la situation.

- « Amour chien » répète-t-elle en parcourant son écran. « Nous n’avons pas en stock mais…» la voix se fige et elle se tourne vers moi mortifiée « Nous aurons bientôt « l’homme qui battait les femmes » du même auteur »
- « Merci beaucoup » dis-je dans un susurrement a mi-chemin entre l’excuse de collégien pris en faute et le fou rire étouffé.

Avec l’envie de filer au plus vite, alors qu’elle ne quitte pas des yeux, je m’éloigne bredouille de mes envies d’achats mais riche d’une anecdote amusante a te raconter."