La littérature sous caféine


jeudi 30 juin 2022

Résumé clinique de la vie n°3

J’ai déjà relevé chez Hugo et Houellebecq deux paragraphes d’inspiration similaire, proposant un résumé sans concession de l’existence – le premier dans « Les Misérables », le second dans « anéantir ». Je trouve dans « La poursuite de l’idéal » une troisième occurrence de ce véritable exercice de style. Comme chez ses prédécesseurs, ce n’est pas très gai mais je trouve ça drôle :

« Et si l’on comprenait tous, se disait-il, vers trente ans, que l’amitié relève du mythe, l’amour de l’illusion, et la sympathie du mirage ? Partout des ombres et des fantasmes, créés par la peur du noir. Et le voilà ramené à bébé qui chiale, bébé qui avait tout pressenti, à deux mois, de la séparation ontologique, de l’inévitable solitude de la condition humaine. Plus tard, à l’école, au lycée, à la fac, des groupes se forment, des amitiés éclosent ; puis des couples qui compensent, par l’intensité romantique, ce qu’ils perdent en sorties, en camaraderie. Un jour, la bulle éclate, écrivait-il dans son journal, l’iridescence s’évanouit, il ne reste plus qu’un petit être promis à la mort, dans l’indifférence générale. Quand il vit trop longtemps, ce petit être est rangé dans des mouroirs, on le mouche, on le lange, on l’essuie, on le divertit, puis on le jette. » (Gallimard, page 439)

mercredi 29 juin 2022

Suicide girls, épisode 4/10

4ème épisode, "Révoltes"

Amaury cherche à se faire pardonner d'être un bourgeois, Manon se révolte contre les adultes.

mardi 28 juin 2022

Aymeric est un con !

Après l’aristocrate dépressif et suicidaire de Houellebecq dans « Sérotonine » (Flammarion, 2019), après le professeur ridicule et prétentieux, bobo woke jusqu’au bout des dents, de Lafourcade dans « L’Ivraie » (Léo Scheer, 2018), je dégotte un troisième Aymeric dans un roman contemporain, et ça n’est pas jojo.

Il s’agit d’un personnage secondaire du beau livre de Patrice Jean, « La poursuite de l’idéal » (Gallimard, 2021), roman mélancolique, délicieusement satirique, à la limite du désespoir, égrenant les évocations de milieux forcément décevants pour un protagoniste ayant le tort de nourrir des ambitions poétiques. Ce dernier croise un jour un hédoniste inconséquent :

« Il pensa alors à Aymeric qui se contentait de son boulot à la Poste – conseiller client – qu’il rehaussait, chaque week-end, d’un tour en boîte de nuit, d’une biture « je te dis pas ! », de quelques coups de reins « bien placés », et qui trouvait la vie « merveilleuse ». Fallait-il en rabattre ? S’épanouir dans le pintage de ruche ! S’aymericiser ? Par découragement, on devait, sans doute, se satisfaire, un jour, de ces joies modestes. Il lui semblait, néanmoins, que cet épicurisme de fin de semaine ne menait pas très loin. Un matin, Aymeric se réveillerait avec la gueule de bois, coincé dans une vie étriquée ; très certainement, pensait-il, Aymeric pointerait, dans quelques années, avec deux ou trois gosses, des engueulades, à n’en plus finir, avec une épouse bedonnante et abonnée à Télé 7 jours. »

(Gallimard, page 98).

mardi 21 juin 2022

Suicide girls, épisode 3/10

Suicide girls, 3ème épisode : "Les premières filles, les premiers garçons".

Amaury décrit l'absence de son père et connaît ses premières Suicide girls, Manon se durcit face aux garçons.

mardi 14 juin 2022

Rencontre à la librairie L'Apostrophe d'Epernay

Après des années de report (covid et cie), rencontre organisée par la librairie L'Apostrophe à Epernay le samedi 18 juin à 16h

lundi 13 juin 2022

Suicide girls, épisode 2/10



Aamaury se dépêtre avec ses problèmes de jalousie, Manon subit son première traumatisme...

mercredi 8 juin 2022

"Suicide girls" en livre audio, épisode 1/10

A partir d'aujourd'hui et une fois par semaine, sur la plupart des plateformes (Spotify, Apple, Youtube...), je diffuserai sous forme d'épisodes le roman dont j'ai réalisé la version audio avec l'aide de l'actrice Natacha Régnier, du musicien Olivier Calmel et du graphiste et ingénieur du son Edouard Meyer.

Il s'agit d'un roman publié en 2010 aux Editions Léo Scheer, sur le thème des violences sexuelles et des héritages familiaux.

Un jeune homme marqué par le suicide de son père, une jeune femme esthétisant son rapport à la mort… Ils prennent la parole à tour de rôle pour dire leur histoire d’amour.

mardi 7 juin 2022

Paname sous rabla

Pendant des années, j’ai rêvé d’écrire sur le Paris de la déglingue, persuadé que ça n’avait pas été fait récemment. Et puis j’ai renoncé, parce que je n’avais pas une connaissance intime de la chose. J’ai bien fait ! Car je découvre avec le « Paname underground » de Zarca (Editions Goutte d’Or, 2017) un concentré de narration survitaminée, gonflé aux stéroïdes de l’argot, du sexe, de la violence et du sale. Défilé de quartiers, de types, de situations tous plus pétés les uns que les autres… Du San Antonio sous schnouf !

« Franchement Zarca, c’est pas pour t’clasher mais toi, t’as jamais eu l’galbe ni les cojones pour t’frotter au vrai Underground. T’as survolé l’truc vite fait comme un touriste, tu connais des raclos mais toi, t’es pas taillé pour la street et ça s’voit. Après c’est normal, dans les tafs artistiques et encore pire dans le monde des livres, vous vous prenez pour des gitans mais vous êtes des dalpés. Les écrivains, frères, c’est des baltringues ! » (page 208)

mercredi 1 juin 2022

Sexe et handicap

Avec l’affaire Abad, les thèmes du sexe et du handicap font une entrée fracassante à l’Elysée… J’aurais dû leur envoyer La Viveuse pour les y préparer un peu.