La littérature sous caféine


jeudi 14 juin 2007

Avoir la azima...



Je surveillais mardi l’épreuve de français du bac et le professeur qui se trouvait dans la même salle, d’origine algérienne, m’a appris qu’Azima n’était pas un prénom (je croyais l'avoir repéré une chanson de France Gall…) et que le mot désignait en arabe le fait d’être déterminé à faire quelque chose.

Le hasard fait bien les choses puisque Azima, malgré tout ce qu’elle subit, garde précisément une grande force.

Je repense du même coup à la remarque que m’avait faite un ami, il y a un certain temps déjà, à propos de nombreux manuscrits qu’il avait lus de moi : il trouvait toujours le protagoniste flottant, débordé par ses problèmes, condamné à une sorte d’errance existentielle... Il avait raison ! J’espère avoir cependant dépassé ce défaut de la narration, et même si certains personnages passent leurs journées à ne rien faire (je pense à Cloporte par exemple), le récit qui en est fait s’efforce d’être plus structuré que le personnage lui-même.

Quant au prochain protagoniste, le baron (si Dieu le veut !), il sera la détermination même (il aura vraiment la azima, s’il est possible de le dire ainsi…)

lundi 27 novembre 2006

Le roman d'Azima (4)

Témoignage touchant d’une lectrice : elle m’avoue par mail avoir été violée, très jeune, par un homme de sa famille, et me dit avoir ressenti la même chose qu’Azima : le besoin, au moment du traumatisme, de dissocier le corps et l’esprit, et d’observer froidement les choses.

Evidemment, il est délicat d’en tirer de la fierté par rapport à l’écriture d’Azima. Que vaut un roman face à la douleur qu’éprouve une personne réelle ? Sur le coup, je me suis senti ridicule.

N’empêche que ce témoignage est un vrai compliment pour Azima : celui de la justesse psychologique, celui du portrait de femme – tout ce qui l’éloigne, en fait, du simple croquis sociologique. Azima reste, bien avant d’être un roman de banlieue, tentative de cerner quelques réflexes de l’esprit.

mercredi 8 novembre 2006

Le roman d'Azima (1)

Plus de deux mois maintenant après la sortie d’Azima, bilan plus que mitigé des ventes… La déception passée, reste à comprendre. Il me semble qu’une des raisons en est le sujet : les récits de viols en banlieue n’attirent pas les foules, abreuvées déjà de faits divers tous plus sordides les uns que les autres.

On me dit souvent, d’ailleurs : « J’ai bien aimé ton livre, et j’avoue que je ne l’aurais pas lu si je ne te connaissais pas… Le contenu vaut mieux que le thème. » Je me suis dit qu’en ce moment on ne s’intéressait pas aux discours "neutres" sur la banlieue - ceux qui ne privilégient ni l’optimisme, ni la rage. Le mien se veut simple constat romanesque – il ne fait ni l’apologie, ni le procès de quoi que ce soit.