La littérature sous caféine


lundi 18 septembre 2017

Le book footing

Depuis que le médecin me l’a conseillé, je m’oblige à faire du sport – un exploit. Jusqu’alors mon rythme de footing était d’un par an, je me suis juré de passer à un par semaine. Mais je m’ennuie tellement que je ne peux m’empêcher d’emporter un livre. Et j’ai peu à peu trouvé le format de course qui me convenait : dix minutes de petites foulées, cinq minutes de lecture.

La première fois, j’ai emporté le solide volume de la Divine Comédie de Dante. Certains autres coureurs ont dû penser qu’il s’agissait d’un haltère de fortune – mais non, il s’agissait bel et bien d’un livre. J’ai ainsi effectué de salutaires plongées dans les enfers antiques tout en croisant les visages ahuris de joyeux décérébrés. Rasades d’abrutissement mécanisé, entrecoupées par des flashs d’intellectualité pure : je me sentais très moderne.

mardi 29 août 2017

Atelier d'écriture à Epernay

A partir du 3 octobre 2017, je proposerai chaque mardi à la Maison des Arts d'Epernay une séance d’apprentissage des techniques d’écritures. Travail du style, poésie, fiction, journal… Les genres et les thèmes seront aussi variés que possible, chaque séance débutant par l'étude rapide d'une oeuvre ou d'un point théorique. Je m'adapterai aux goûts éventuels des personnes présentes.

De 18 à 20 h chaque mardi à la Maison des Arts d'Epernay, 15 euros la séance. Inscription par mail à l'adresse suivante: aymeric_patricot@hotmail.com

mardi 25 juillet 2017

Le nouvel enfer des bibliothèques

La politique est la nouvelle pornographie. Il n’y a encore pas si longtemps, ce qu’on appelait Enfer dans les bibliothèques était ce rayon plutôt discret où l’on rangeait les livres gorgés de stupre, de sperme et de gémissements. Maintenant que ce genre de littérature est devenu plutôt chic, les enfers ont tendance à se remplir de ces ouvrages qu’on garde sous le manteau parce qu’ils sont marqués au fer rouge de l’indignité politique et morale, je veux parler des livres à teneur politique scandaleuse, le plus souvent affiliés – à tort ou à raison – à l’extrême droite, des livres qu’il peut nous arriver de lire parce qu’ils ont une valeur historique indéniable – Mein Kampf – ou parce que leur teneur littéraire est élevée comme dans les pamphlets de Céline ou, pire, ceux de Rebatet. Sans parler de quelques essayistes contemporains qu’il est parfois intéressant de découvrir si l’on veut suivre quelques-uns des débats les plus brûlants du moment...

mercredi 19 juillet 2017

Lézards venus de l'espace



Cet été, je m’amuse à lire quelques grands classiques de la littérature de genre. Avant de me plonger dans l’intrigue policière à la française de la série Fantomas (célébrée en son temps par les Surréalistes !), je découvre ébahi l’univers sanguinolent et grand-guignolesque de l’un des premiers représentants de l’heroïc-fantasy, le mirobolant Conan le Barbare de Robert E. Howard. Serpents venus de l’espace, déesses en pagne, labyrinthes truffés de pierres maudites… L’été sera de mauvais goût, mais l’été sera chaud !

mardi 4 juillet 2017

Court mais intense

Le samedi 22 juillet, j’aurai le plaisir d’animer un atelier d’écriture intitulé « L’art du texte court », dans la belle école Les mots lancée par Alexandre Lacroix et Elise Nebout. Au programme des six heures d’atelier, nous nous inspirerons de choses aussi variées que les haïkus, les saynètes biographiques de Colette ou les shots de littérature punk. Court, mais intense !

mercredi 28 juin 2017

Ballard = Baudelaire + Sacher-Masoch

Le « Crash » de Ballard (1973, adapté au cinéma par Cronenberg en 1996) me fait vraiment penser à un mélange de Baudelaire pour la sexualité mortifère sur fond d’angoisse moderniste et de Sacher-Masoch pour la peinture inédite d’une déviation sexuelle singulière. On ne peut pas dire que cette évocation d’une très improbable jouissance provoquée par les accidents de voiture soit séduisante, mais elle fait selon moi de ce livre un vrai chef-d’œuvre en paraissant résumer de quelques formules foudroyantes quelques-unes des réalités obsessionnelles du 20ème siècle.

mardi 20 juin 2017

Hitchcock les cloue tous au poteau !

Bilan de la deuxième saison de mon ciné-club en prépa : après calcul du taux de satisfaction des étudiants, le Psychose d’Hitchcock emporte haut la main la mise face à des concurrents pourtant corsés, tous excellents dans leur domaine : le Scarface et le Carrie de De Palma, le Quai des Brumes de Carné ou le Trainspotting de Boyle. Amusant comme l’ancêtre lointain des slashers qui ont aujourd’hui envahi nos écrans continue à séduire, en dépit du côté dépassé, presque archaïque, de la scène mythique du meurtre sous la douche. Amusant aussi de se rappeler que l’année dernière, c’était également un film construit autour d’une agression dans une salle de bain qui avait remporté les suffrages, l’indémodable Shining de Kubrick, d’ailleurs grand champion des deux années écoulées.

lundi 12 juin 2017

Edouard Philippe et la beauté des femmes

Il y a quelques années, j’animais un atelier d’écriture sur le campus havrais de Sciences-Po. Edouard Philippe venait d’être investi comme maire et nous avons été présentés. Il m’a dédicacé son deuxième thriller, « Dans l’ombre », et je lui ai dédicacé mon « Suicide Girls » (Léo Scheer). S’est-il dit en découvrant ce petit roman noir, très noir, qu’il avait eu raison de préférer à la vie littéraire l’univers autrement plus pragmatique de la politique ?

Quelques semaines plus tard, je l’ai invité à intervenir devant mes étudiants et il m’a gentiment rendu visite. Pendant une heure il nous a parlé de ces deux activités qu’il menait de front. Et, au terme de la séance, il n’a pas hésité à flirter avec la provocation en répondant avec malice à la question « Quelle est selon vous la principale qualité d’une femme ? » par un elliptique : « La beauté ». Après qu’il a quitté la salle, plusieurs étudiantes en pâmoison ont avoué l’avoir trouvé singulièrement charismatique – sans doute n’osaient-elles pas dire devant leurs camarades : « séduisant ». Manifestement, sa posture d’homme d’action faisait un effet renversant. Et, pour la seconde fois, il a dû préférer les arcanes de la vie politique à celles de l’écriture.