La littérature sous caféine


Les thèmes improbables

Depuis des années je mûris le projet d’un roman qui s’intitulerait « Le plaisir de décevoir ». Or, Laurent de Sutter publie ces jours-ci : « Décevoir est un plaisir ». Depuis des années je réfléchis à un essai théorisant le droit de ne pas s’engager. Or, Patrice Jean vient de sortir un brillant « Kafka au Candyshop ». Depuis des années je rêve d’écrire le portrait d’un garçon de province, naïf et bien intentionné, se cassant les dents sur Paris. Or, Dominique Fernandez annonce la sortie chez Grasset d’« Un jeune homme de province ».

Ecrire, c’est courir après les thèmes encore vierges.

C’est apprendre à lâcher certaines proies.

Finalement, certains de mes textes improbables auront eu du bon (accompagnement sexuel, fétichisme de la mort, pauvreté blanche…). J’aurai connu avec eux, non pas l’encombrement des voies à la mode mais l’air raréfié des sujets qui fâchent – mieux, qui gênent. On a les plaisirs pour happy fews qu’on mérite. Ma « Viveuse » restera longtemps incomprise – et donc, sans concurrence.

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