La littérature sous caféine


L'intensité de l'activité littéraire (Stephen King, Ecriture)



De plus en plus, je compte, je note, j’archive, j’établis des statistiques sur ce que je fais, ce que je vis, ce que je consomme… Je n’avais jusqu’à maintenant jamais noté le titre des livres lus, mais je le fais depuis presque un an et cela me permet d’avoir une idée de mon rythme de lecture. Intérêt limité, me direz-vous, si ce n’est le plaisir assez gamin d’archiver et de calculer. Et puis d’avoir une idée sur l’intensité de ce qu’on pourrait appeler mon « activité littéraire ». Bien sûr, la qualité d’une écriture ne se mesure pas au nombre de lectures. Certains écrivains revendiquent d’ailleurs un très faible rythme – au nombre desquels James Ellroy, mais doit-on le croire ?

Cependant je me rappelle le conseil que donne Stephen King dans son livre Ecriture à tout apprenti écrivain, le conseil d’or, le tout premier conseil dans la série des conseils d’importance : « Beaucoup lire, beaucoup écrire. » Et pour illustrer son propos, le grand Stephen nous explique qu’il aime bouquiner le soir, notamment, à raison de soixante-dix livres en moyenne par an. Consultant mes cahiers, j’en arrive au même chiffre. Je lis en moyenne entre un et deux livres par semaine – faisant d’ailleurs l’effort depuis quelques mois de finir la plupart des romans, alors que j’avais jusqu’ici la fâcheuse tendance de lâcher le moindre livre peu convaincant au bout de cent pages.

Je constate d’ailleurs que cela coïncide avec ma consommation de films – 70 par an. En comparaison, ma consommation d’expositions reste beaucoup plus faible. Ainsi que ma consommation musicale – je découvre en détail une quinzaine d’albums par an. A la seule différence près qu’un disque nous accompagne de longs mois, voire des années, et que les heures cumulées d’écoute peuvent atteindre des sommets (en comparaison, combien de fois relit-on vraiment un roman ?)

Quant au rythme d’écriture de Stephen King, il peut paraître assez monstrueux : « J’aime bien rédiger dix pages par jour, ce qui équivaut à deux mille mots, soit cent quatre-vingt mille sur une période de trois mois. » (Ecriture, p181) A titre de comparaison, j’arrive depuis deux ans maintenant à m’astreindre à une cinquante de pages par mois (que ce soit en vacances ou pendant l’année scolaire), ce que j’appelle une page correspondant à 1500 signes espaces compris, ou 250 mots. Stephen tient un rythme cinq fois supérieur ! Et je pense être à mon maximum… Au-delà de la question du talent, il s’agit sans doute aussi d’une différence de nature entre nos productions respectives.

Il y a en tout cas de très beaux passages dans ce livre-méthode de S.King, et j’aime beaucoup l’idée développée dans le paragraphe suivant : « « Ecris ta propre histoire, Stevie, me dit-elle. Ces Combat Casey ne valent rien. Il est toujours en train de faire cracher ses dents à quelqu’un. Je parie que tu peux faire mieux. Inventes-en une toi-même. » (…) Je me souviens d’un fabuleux sentiment de possibilité à cette idée, comme si l’on venait de m’introduire dans un vaste bâtiment rempli de portes fermées en m’autorisant à ouvrir n’importe laquelle. Il y avait plus de portes à pousser qu’on ne pouvait en franchir au cours de toute une vie – voilà ce que je me dis, et voilà ce que je pense toujours. » (Ecriture, page 32)

Pour moi qui souffre parfois à grappiller péniblement quelques idées (malgré ma tendance à écrire des manuscrits dans tous les sens), et qui me fais l’impression de n’avoir qu’un nombre restreint de choses à exprimer dans toute ma vie, cette idée d’une infinité de portes ouvertes dans le monde de l’imaginaire a quelque chose d’exaltant et de profondément rassurant.

Très drôle aussi, l’évocation de sa brève expérience en tant que professeur : comment ne pas m’y reconnaître moi-même ? « Pour la première fois de ma vie, je trouvais dur d’écrire. Le problème, c’était l’enseignement. J’aimais bien mes collègues, j’aimais bien les gosses – même les plus remuants et les plus crétins de la classe n’étaient pas sans intérêt – mais la plupart du temps, quand arrivait le vendredi après-midi, j’avais l’impression d’avoir passé la semaine avec des câbles de démarrage branchés sur le crâne. S’il y eu un moment où j’ai désespéré de jamais devenir écrivain, c’est bien pendant cette période. Je me voyais déjà trente ans plus tard, portant toujours les mêmes vestes de tweed informes avec des empiècements aux coudes, la bedaine passant par-dessus la ceinture de mon falzar à force d’écluser les bières. » (p87)

COMMENTAIRES

1. Le samedi 5 juin 2010 à 23:37, par secondflore

J'ai compris - tu n'aurais jamais dû lire S. King ! ;-)
(je blague, hein - mais voilà un livre de plus que j'ai lâché en route)

2. Le dimanche 6 juin 2010 à 09:37, par aymeric

ah oui, tu as laché "écriture" ? C'est le seul de King que j'ai lu d'une traite (à l'exception de "shining", quand j'étais ado...) Ses bouquins d'épouvante me paraissent toujours un peu longuet - un comble pour le genre !

3. Le dimanche 6 juin 2010 à 13:17, par christian

je me trompe ou c'est du sacré nanar king adapté sur les grands ecrans

4. Le dimanche 6 juin 2010 à 13:17, par christian

je me trompe ou c'est du sacré nanar king adapté sur les grands ecrans

5. Le mardi 8 juin 2010 à 18:43, par sylvie

le coup du cable de démarrage branché sur les neurones pour parler de l'expérience de prof, c'est vrai que c'est bien trouvé!! j'approuve !!

6. Le mercredi 9 juin 2010 à 10:25, par secondflore

(la partie autobio est plus complaisante que plaisante, et ses idées sur l'écriture n'apportent pas grand'chose par rapport à ce que j'avais pu lire ailleurs)
(mais je ne nie pas qu'il y a chez lui une maîtrise impressionnante)

7. Le mercredi 9 juin 2010 à 19:37, par aymeric

ah oui, complaisante ? Tiens, j'avais trouvé ça plutôt drôle et revigorant... Quant aux conseils d'écriture, rien de bien neuf sans doute, mais j'avoue n'avoir pas lu grand chose du meme genre chez d'autres auteurs... Lesquels exactement racontent leur petite cuisine interne? Du moins, de la stature de king ?

8. Le jeudi 10 juin 2010 à 22:47, par secondflore

En fait je n'ai pas de livre/auteur de référence en tête sur le sujet. Juste des "trucs" picorés ici et là, et qui se recoupent beaucoup.
C'est presque toujours frustrant, les cuisines d'écrivain, en fait...
(sauf s'il s'agit d'y manger du saucisson un soir d'été, évidemment^)

9. Le jeudi 10 juin 2010 à 22:54, par aymeric

C'est vrai qu'il n'y a sans doute pas grand chose à dire, au fond... Il faut bosser, c'est l'essentiel. Rien ne doit ressembler plus à une heure d'écriture qu'à une autre heure d'écriture

10. Le vendredi 11 juin 2010 à 08:14, par secondflore

Disons (en très gros) qu'il y a ceux qui se lancent et qui construisent après, et ceux qui construisent et qui ensuite essaient de se lancer
(et quelques vieux routiers du genre Stephen (d'autres aussi, j'en ai vu) qui font les deux en même temps (mais qui font toujours un peu la même chose))

11. Le vendredi 11 juin 2010 à 11:55, par aymeric

distinction très juste, même si l'on est sans doute obligé de faire les deux en meme temps - avoir une vague idée de là où on veut arriver, et progresser dans l'écriture pour avoir une idée de plus en plus précise de la fin.
j'aime bien distinguer la "matière" et la structure. Il y a des écrivains dont la matière est proliférante: on sent bien qu'ils sont débordés par leur propre flot, et lorsqu'ils nous expliquent qu'ils construisent précisément leur roman, on a du mal à y croire ( je pense à philipp roth, dont les romans, brillants, souffrent souvent de leur construction approximative; ou Joyce, qui veut nous faire croire que chaque chapitre de Ulysse est construit sur un ensemble précis de critères, alors que ces critères sont bien flous et mal organisés)

12. Le jeudi 24 juin 2010 à 20:29, par marie

mais tu trouves où le temps de vivre avec tout ça? propos incongru à tes yeux j'imagine, mais pourtant, toutes ces stats... c'est bien contemplatif à mes yeux. Et cette phrase qui résonne d'un air singulier à mes oreilles, ces derniers temps en particulier (l'âge sans doute!): la vie n'a pas droit au brouillon..bref, HS dans la marge, je file vivre San Giovanni et le son et lumières du patron de Torino. Bises ritales! Marie

13. Le jeudi 24 juin 2010 à 20:59, par aymeric

Objection parfaitement valable ! Je me suis d'ailleurs récemment posé la question... N'étais-je pas en train d'oublier de vivre, tout simplement ? Il peut y avoir des périodes comme ca, effectivement... D'isolement, d'oubli de soi... Mais on ne peut pas le réduire à la contemplation, qui est une facon plutot agréable de vivre, aussi. C'est meme l'un des plaisirs les plus vifs ! (s'il ne provoque pas de mélancolie...)
Personnellement, faire quelques statistiques me parait parfois ridicule, et en meme temps j'ai la sensation de m'obliger à vivre, justement ! Tenir un journal, par exemple, est une forme de statistique sur ses humeurs: et ca oblige, d'une certaine manière, à etre un minimum heureux ! :-)

14. Le mercredi 22 septembre 2010 à 02:27, par oppono-online

Oui, probablement il est donc

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