La littérature sous caféine


Pluto chez les cyniques



1) – Qu’est-ce que la démocratie ?
– Euh… Le pouvoir au peuple ?
– Oui, c’est ça : « cratie », pouvoir, et « démo », peuple. Et la théocratie ?
– Euh…
– « Théo », Dieu, donc le pouvoir à Dieu, ou tout au moins le pouvoir aux représentants de Dieu. Et l’aristocratie ?
– Euh…
– Littéralement, « le pouvoir aux meilleurs »… Et la ploutocratie ?
– Euh… Le pouvoir à Pluto ?
– AH AH ! Trop fort ! T’imagines, le pouvoir à Pluto !
– AH AH AH ! Les chiens au pouvoir ! C’est trop Disneyland ce truc !!
– AH AH ! Trop fort !

2) Petite discussion en salle de profs sur les types d’élèves :
- Il y a un genre d’élèves avec lequel j’ai un peu de mal.
- Ah oui, lequel ?
- Le genre religieux… Tu sais, l’élève qui refuse d’aborder certains thèmes parce qu’il ne faut pas critiquer la religion, et puis qui refuse aussi en cours de dessin de regarder des représentations de femmes nues, et qui refuse aussi de faire les sujets correspondants.
- Pas possible… Vraiment ? Il refuse vraiment de regarder les femmes nues ?
- Je te jure.
- Moi y’a une catégorie qui ne me déplaît pas forcément, c’est les cyniques. Ceux qui te sortent des phrases bien senties, tu sais, assez intelligentes, mais noires.
- C’est vrai. C’est pas mal cette catégorie. Faut juste qu’ils soient vraiment intelligents. Parce que des cyniques pas intelligents, c’est vraiment pénible.
- Oui, tu as raison, il faut un minimum d’intelligence pour être cynique.

3) A propos de cynisme et d’esprit, j’incruste ici un court passage de la pièce de Sacha Guitry, Mon père avait raison. Ca faisait longtemps que je voulais en lire une, et c’est chose faite avec celle-ci parmi les plus connues. Avouons que la pièce donne l’impression d’avoir été vite écrite, pour être vite lue, vite regardée (mais ça, ce n’est pas possible), et vite oubliée.

« - Le plaisir de mentir !
- C’est un plaisir ?
- Ah ! C’est mieux que ça… c’est une volupté !... C’est une des plus grandes voluptés de la vie !... C’est une joie qui n’est pas fatigante… et qui n’est limitée que par la crédulité des autres… tu vois jusqu’où ça peut aller !... C’est une habitude à prendre !... Moi je l’ai prise très jeune… oui… j’ai menti à mes parents… à mes professeurs… j’ai menti à mes maîtresses, à mes amis et puis alors, je me suis marié…
- Et alors… là, n’en parlons pas !
- Là… alors… Parlons-en ! Quand ta pauvre maman est morte, j’avais cinquante ans… comme je ne pouvais plus lui mentir, je me suis mis à me rajeunir pour me distraire !... Je me suis rajeuni jusqu’à soixante-dix ans… et puis alors, tout à coup je me suis mis à vieillir pour avoir l’air plus jeune !... Actuellement, ça ne donne rien encore… mais, dans cinq ou six ans, quand j’aurai soixante-dix-huit ans… songe que je dirai que j’en ai quatre-vingt-cinq !... Et alors tu verras la tête des gens !... Je serai entouré de prévenances et d’admiration… d’autant plus qu’à ce moment-là, tu le penses bien, mes relations avec Louis XVIII auront pris une importance considérable… une sorte d’intimité !...
»

COMMENTAIRES

1. Le dimanche 18 mai 2008 à 12:46, par Aimée

catégorie d'élèves ? intéressant, je me demandais souvent de quelle manière les profs parlent des élèves parce que bien évidemment les élèves critiquent eux aussi les profs ... et puis en lisant le 2) j'ai tout de suite pensée à quelqu'un pouvant être cette personne qui refuse de voir les femmes nues (puisqu'on a fait du dessin à partir de nus).

2. Le dimanche 18 mai 2008 à 13:08, par pat

c'est un dialogue que j'ai entendu dans un autre établissement... ce qui est amusant avec les catégories, c'est qu'on retrouve un peu toujours les memes d'une classe à l'autre! je suppose que c'est pareil pour les profs vus par les eleves... je donnerais bcp pour écouter en douce certaines conversations ! ;-)

3. Le dimanche 18 mai 2008 à 14:19, par Dahlia

Au risque de passer pour une buse, c'est quoi la ploutocratie?

4. Le dimanche 18 mai 2008 à 16:28, par Aimée

pareil, je donnerais beaucoup pour savoir ce que les profs se disent, surtout quand il s'agit d'élèves. même si ce n'est certainement pas possible, je troquerais bien quelques informations contre d'autres, mais en fonction de leurs importances bien sur . :D
mais il est plus facile pour vous les profs, de nous écouter en douce dans les couloirs, nous n'avons pas de salles réservées qu'aux d'élèves alors lorsqu'on parle d'un prof on doit se retourner souvent, voir si il, ou un de ses collègues ne serait pas derrière nous...

5. Le dimanche 18 mai 2008 à 17:23, par pat

ploutocratie: le pouvoir aux riches !...
De toutes façons, on arrive à savoir plus ou moins ce que les éleves pensent des profs ! et puis les profs se font un malin plaisir à faire circuler l'info !

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