La littérature sous caféine


mardi 27 mars 2012

Festival de conversations rock'n roll chez Pomme de Pain

Sur la terrasse ensoleillée d'un Pomme de Pain, boulevard Saint-Michel :

1) Un homme en colère, au téléphone :

« Ta sœur Huguette, c’est une merde… De toute façon, c’est de la merde, ces gens-là. T’entends ? Faut même pas essayer de leur parler. Faut pas chercher à les comprendre. Ça sert à rien. Rien que de la merde, je te dis… »

2) Une femme vient de recevoir un coup de fil et déclare à la personne en face d’elle :

« Elle est décédée à 16h… Elle m’a dit tout à l’heure : « Reste, je vais mourir. » Bon, je ne vais pas culpabiliser, hein ? Ça ne sert à rien… Je ne pouvais pas rester jusqu’à seize heures… »

3) Un homme souffrant manifestement de solitude, précocement vieilli et ruminant des choses à peine audibles, vocifère à quelques centimètres du visage d’une serveuse d’Europe de l’Est, qui ne sait plus quoi lui répondre :

« Vingt ans que je viens ici ! J’ai bien remarqué que vous me faisiez payer plus cher… Hein, pourquoi vous me faites payer plus cher ? Pourquoi vous ne me rendez pas toute ma monnaie ? Vingt ans que je viens ici, je vous dis. J’ai bien remarqué !
– Au revoir, Monsieur. Au revoir. »

L’effet du printemps ?

mardi 20 mars 2012

Ne jamais prêter à quelqu'un qui joue

1) Dans un bistrot de la rue de Belleville, à dix heures du matin, le patron en grande conversation avec un client, au zinc, tous les deux sirotant un verre de vin rouge :

« Faut jamais prêter à quelqu’un qui joue ! Jamais il te rendra ton argent, ça c’est sûr… A la rigueur, je préfère prêter à quelqu’un qui boit. Tu auras plus de chance de revoir ton argent. »

Plus tard dans la conversation :

« Avec l’alcool, faut savoir s’arrêter. Bon, j’aime bien boire un peu, mais l’essentiel, c’est de savoir s’arrêter. – Le pire, c’est le vin blanc. Un petit verre ça fait pas de mal, mais après ça attaque. Ça fait vraiment du mal. – Je te le dis, faut savoir s’arrêter ! Faut pas boire toute la journée quand même ! »

2) Je commence chaque cours (quel que soit le niveau des étudiants) par l’étude d’un « mot du jour », et jamais aucun mot n’a provoqué autant d’hilarité que « rasséréner », devant des étudiants en BTS Communication. Parmi les hurlements de rire (le climat printanier devait y être pour beaucoup), j'entends :

« Wouah, Monsieur, vous imaginez vraiment qu’on utilisera un jour ce mot ? Rassénénérer je sais pas quoi… Ça existe ce mot ? Vous voulez nous faire croire que des gens l’utilisent ? »