En cette fin de vacances je suis en phase active d'élaboration de scénars (quelques projets pour les mois à venir), et certaines lectures n'en sont que plus difficiles pendant les heures creuses : c'est comme si j'étais à l'affût de chaque idée qui pourrait me venir, ce qui rend problématique toute concentration prolongée sur un autre objet que ces histoires que j'ai dans la tête.

Il aurait été logique, dans ces conditions, que j'en profite pour avancer l'un de ces livres qui ne tiennent que par l'intrigue, et dont les pages défilent sous vos yeux sans douleur, sans effort particulier. J'ai donc voulu reprendre la lecture du premier tome de Millenium, ce thriller du Nord dont tout le monde vous dit en ce moment qu'il a été incapable de le lâcher. J'avais aimé les 100 premières pages, efficaces et sympathiques, et si délicieusement fluides (l'auteur (décédé depuis) prenant d'aileurs garde à ce qu'on suive si parfaitement l'intrigue qu'il a tendance à se répéter...).

Le livre raconte l'histoire d'un vieil homme dont la fille a disparu depuis des années, et qui charge un enquêteur en fin de course de reprendre l'enquête. Atmosphère à la Agathie Christie, agrémentée d'aperçus sur la vie économique suédoise... Le livre avait tout pour me divertir, et pourtant je rame comme un fou à finir les 100 pages suivantes (je ne compte même plus m'attacher aux 300 qui suivent encore). C'est que l'intrigue, aussi simple soit-elle, exige que je me plonge durablement dans le bouquin, et j'en suis tout simplement incapable !

J'ai trouvé beaucoup plus facile de lire Pierre et Jean, le petit roman de Maupassant (que j'ai chargé l'une de mes classes de seconde de lire pendant les vacances) : la prose en est (légèrement) plus dense que celle de Stieg Larsson, et l'intrigue moins palpitante, mais ces courtes scènes de vie normande, ponctuées de drame et de désespoir, de petits portraits savoureux, conviennent bien mieux à mon état d'esprit. Peut-être faudrait-il qu'à l'avenir je ne m'attaque aux lectures les plus exigeantes (poèmes de Mallarmé, pages de Lacan) que dans mes heures de plus intense déconcentration...