Il y a d'excellents romans pour les lendemains de cuite, ou les lendemains d'indigestion alimentaire : lundi dernier j'avais du mal à me tenir éveillé (insomnie la veille), alors je me suis emparé de Factotum, de Charles Bukowski, succession de très courts chapitres narrant les vadrouilles alcoolisées et sexuelles d'un narrateur rêvant de gloire, errant de petits jobs en petits jobs.

Les phrases sont courtes, sobres, à la fois sordides et hilarantes. C'est un relevé minimaliste de rencontres, d'insultes et de déconvenues - l'auteur ne s'autorise même pas de coups de gueule, car il vaut beaucoup mieux que cela, traînant sa grande carcasse d'auteur déglingué avec un naturel insolent.

"Tous les sièges étaient pris. Il y avait des femmes, quelques mémères, grasses et un peu connes, plus deux ou trois dames qui en avaient vu des dures. Comme j'm'asseyais, une poule s'est levée et s'est barrée avec un mec. Elle est revenue cinq minutes après.
"Helen ! Helen ! Comment fais-tu ?"
Elle s'est marrée.
Une autre s'est pointée pour essayer.
"Ca doit être valable ! J'en veux aussi !"
Ils sont sortis ensemble. Helen est revenue cinq minutes après.
"Elle doit avoir une pompe aspirante à la place du con !
-J'vais essayer ça, a dit un vieux mec dans le fond du bar. J'ai pas bandé depuis que Teddy Rossevelt a passé l'arme à gauche."
Ca a pris dix minutes à Helen pour se le faire
." (Livre de poche, p 45)

Signalons au passage que l'adaptation cinéma du même nom, starring Matt Dillon, (cf vidéo) est excellente.